(Terminé) Les confidences de deux errantes {Pv Katrina

LES CONFIDENCES DE DEUX ERRANTES

Cela faisait une semaine que j’avais quitté le fin fond de Vagan pour me rendre jusqu’à l’île de Flakstadoya. J’avais pris cette décision sur un coup de tête, ce qui ne me ressemblait pas au fond, j’ai toujours été quelqu’un de réfléchi. Et pourtant, ce matin-là, le message que m’avait adressé Mathias m’avait convaincu de quitter tout pour partir à la rencontre de mon père. Et je n’avais prévenu que peu de monde, mes tantes – je les considère comme des tantes – nymphes, mes amis eux ne sont au courant de rien. Je ne voulais pas les impliquer dans l’histoire, je voulais prendre la route seule, pour éviter de craquer devant eux.

Mais, en cours de route, je suis tombée sur une jeune femme qui me semblait un peu perdue, une elfe. Je sais que les sorciers et les elfes ne s’entendent pas toujours mais franchement, je suis une hybride, ce qui veut dire qu’on ne m’apprécie déjà pas beaucoup. Que ce soit les sorciers ou les lycanthropes (encore moins les lycanthropes), aucun d’eux ne me considère faisant partie de leur communauté. Je n’ai même jamais réussi à entrer dans un coven parce que la plupart des jeunes de l’école Nazam ne voulait pas de moi… Donc, ette jeune femme, je l’ai croisée par hasard alors que nous étions toutes les deux à la recherche d’un endroit où dormir pour la nuit. Nous avons dû partager notre chambre, il n’y en avait plus qu’une de disponible. Je l’ai laissée dormir dans le lit, j’ai dormi dans le fauteuil… J’avoue ce ne fut pas la nuit la plus réparatrice que j’ai passée mais je m’y suis faite une compagnie pour voyager.

Je ne sais toujours pas ce qu’elle recherche, je ne sais pas pourquoi elle est en chemin, quelle est vraiment son histoire mais nous nous apprécions beaucoup. J’aime parler avec elle de tout, de rien, de la vie sur les Îles Lofoten, de nos pouvoirs même si nous ne passons que peu de temps à parler de nos blessures plus profonde, j’apprécie vraiment notre périple. Nous nous sommes arrêtées au supermarché de Vagan afin de nous ravitailler. Je m’approche du rayon des légumes et demande à ma nouvelle amie :

« Qu’est-ce que tu veux comme légumes pour ce soir ? »

Nous avons pris l’habitude de loger dans des endroits où nous pouvons cuisiner pour se faire ce que nous aimons. Puis, pensive, je dis :

« Moi j’adore la viande, ça doit me venir de ma mère, c’est une lycanthrope ! »

Dis-je suis un ton un peu triste. Je n’ai jamais parlé à personne de ma mère, cette mère qui m’avait abandonnée et qui vivait très bien cette situation. Cette mère que j’avais revue et qui n’avait pas l’intention de me connaître mieux… La seule chose qu’elle ait fait de bien pour moi était de me dire qui était mon père… Et encore peut-être que je changerai d’avis quand je le retrouverait…

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∞ Age : 23 ans (18/05/1997)

Cela faisait maintenant quelques temps qu’en pleine nuit, la jeune elfe avait décidé de partir sans prévenir personne. Elle n’était pas sûr que ce fût l’idée du siècle, mais vu l’état d’émotion dans lequel elle était, elle n’avait pas réfléchi. Elle avait peur qu’en restant ça finisse par la détruire. Pourtant elle aimait sa vie là-bas, mais ces traditions avaient tout gâché, elle en était convaincue. Elle ne les avait jamais appréciés, elle s’en fichait, elle ne voulait qu’écouter ce que son cœur lui disait. Voilà le résultat, l’elfe qu’elle aimait depuis des années, avec qui elle passait tout son temps avait décidé d’en choisir une autre, juste parce qu’ils n’étaient pas bien assortis. Katrina était sûre que c’était pour cette raison, même s’il ne lui avait pas dit, en fait, elle avait juste peur que la vérité soit tout autre et qu’en réalité, il n’en partage pas ce sentiment. Elle chassa cette pensée de son esprit, même si ça la hantait.

Au cours de son périple, elle était tombée sur une jeune femme, Katrina n’avait jamais jugé les autres selon leur race, elle considérait qu’on était ce qu’on choisissait d’être et c’est tout. Il y avait des gens mauvais et des gens bons partout, on ne pouvait pas deviner qui malheureusement, mais Alma lui inspirait confiance, donc elle avait commencé à faire du chemin avec elle. Puis même quand elles ont dû partager une chambre la sorcière lui avait laissé le lit, certains diront que ce n’est pas grand-chose, mais pour Katrina c’était un geste gentil que tout le monde ne ferait pas. Même si les deux femmes ne parlaient pas de toutes leur vie, elles pouvaient parler d’autres choses et ça faisait du bien, les voilà au marché, heureusement que Katrina avait quand même pris de l’argent et des affaires avant de tout quitter. Au fond, elle savait qu’un jour ou l’autre, elle reviendrait chez elle. On peut dire que ce voyage, c’est pour se changer les idées, s’endurcir éventuellement. « Comme légume, n’importe j’aime de tout. » C’est vrai qu’elle n’était pas la plus difficile, ses parents l’avaient habitué à la plupart des aliments que les elfes mangeaient. « Une lycanthrope ? Si on vient à manquer de nourriture, tu ne vas pas me manger ? » Elle disait ça sur le ton de la plaisanterie, sa nouvelle amie était donc une hybride, elle n’y voyait aucun mal à ça, mais ça ne devait pas être facile à avouer, la plupart des peuples avaient du mal à accepter les hybrides, ce qu’elle trouvait complétement idiot. Elle avait l’impression que pour Alma parler de sa mère la rendait triste, elle n’était pas empathe, mais ça se voyait. « Les elfes on ne mange jamais de viande, tu sais je suis éleveuse en plus. » Tiens, elle ne lui avait pas encore avoué pourtant elle adorait son métier, s’occuper des animaux c’était passionnant. Elle avait une relation particulière avec l’espèce animal, c’est comme s’il la comprenait et vice versa, ce n’était peut-être qu’une impression, mais elle aimait ça.

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@ALMA NOHR
@KATRINA ANDERSEN

Je ne m’attendais pas à sortir une telle phrase, en réalité, je ne parlais jamais de ma mère. A qui que ce soit, en tout cas jusqu’à présent. Dernièrement, les événements s’était enchaîné et les révélations sur mon passé se succédaient. De plus en plus, le sujet de ma descendance venait sur le tapis. Je crois que la seule personne à qui j’avais parlé de ma mère avant que tout ne dépasse mon contrôle avait été Mathias, s’en était suivi des révélations à la chaîne. J’avais appris que ma vraie mère était une lycanthrope et j’avais tout de suite pensé à lui. Voilà pourquoi je lui en avais parlé, aussi parce que je savais que pour ça, je pouvais lui faire confiance... Je connaissais ses limites et je savais que ça ne faisait pas partie de celles-ci. Je rigole quand elle me répond qu’elle ne veut pas que je la mange si jamais on manquait de nourriture. Je crois que je n’ai pas les appétits féroces que pourraient avoir les lycanthropes. J’ai été élevée par des nymphes, ce qui fait de moi quelqu’un d’assez pacifiste qui veut mener sa vie bien tranquillement. Alors, manger un autre être humain, elle n’en serait pas capable.

« Promis, je ne te dévorerai pas ! »

DIs-je avec un petit sourire qui disparaît bien vite quand je repense à ma mère. Je prends des tomates cerises que je mets dans mon sac réutilisable. Puis, je choisis quelques légumes par-ci par-là pour nous concocter une belle et nourrissante salade. Je me dirige vers les pains et je prends une baguette généreuse.

« C’est vrai que c’est mon péché mignon, la viande, je ne devrais pas mais je me laisse tenter parfois ! »

Je rougis un peu, mal à l’aise alors qu’elle me parle de son métier d’éleveuse. Mais, je suis curieuse de savoir ce qu’elle élève comme bêtes.

« Oh ! Ça doit être génial comme métier, tu élèves quoi ? »

Je m’éloigne peu à peu du sujet qui me rend triste, je m’éloigne de mon passé et regarde plutôt vers l’avant.

« Ça doit être dépaysant pour toi ce périple ! »

Dis-je sérieuse, me demandant ce qui avait pu la pousser à quitter son élevage ? Allait-elle chercher une nouvelle bête ?

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∞ Age : 23 ans (18/05/1997)

« Me voilà rassuré, mais tu sais, je peux me défendre au cas où, j’ai hérité du don de télékinésie de mon père. » Elle n’avait pas encore abordé ce sujet, les elfes n’ont pas tous des pouvoirs, mais dans son cas, elle les avait découvert quand elle était encore une petite fille. Apparemment le fait d’avoir des parents bien assortis assurait à leur descendance d’avoir toutes les chances d’avoir un pouvoir. Du moins s’ils en avaient de bases, ce qui était le cas. Par chance, ses parents étaient amoureux avec ou sans liste. Si seulement elle avait eu cette chance avec son meilleur ami. Elle se fichait d’être mal assortie, elle ne suivait que ce que lui dictait son cœur. Cela lui ferait peut-être du bien de se confier à quelqu’un, mais c’était parfois dur de trouver la bonne personne qui l’écouterait. « Tu as le droit de manger ce que tu veux, je ne vais pas te juger parce qu’on n’a pas le même régime alimentaire. » Chacun est élevé d’une manière qui influence toute sa vie, puis il y a toujours les gènes qui ressortent à un moment ou à un autre. Katrina n’avait jamais ressenti le besoin de manger de la viande, il y avait tellement d’alternative, des fruits, des légumes, ça donnait tout autant d’énergie, du moins, elle avait toujours été en forme. « J’adore mon métier, j’élève des chevaux, des chiens, des animaux de la ferme, et parfois il arrive qu’un animal sauvage soit blessé et qu’on le recueille. » La jeune femme avait déjà approché des carnivores, sans avoir spécialement peur, il faut dire que ses parents lui avaient enseignés les bonnes méthodes. Puis parfois elle partait en balade en chevauchant un de leur cheval, elle était plutôt bonne cavalière, pourtant elle avait décidé de partir à pied, elle ne voulait pas embarquer un des animaux avec elle, au cas ou ce serait dangereux. « C’est sûr que je n’étais jamais partie aussi longtemps, mais j’avais besoin de m’éloigner, tu sais les coutumes des elfes sont pesantes par moment, j’ai décidé d’écouter mon cœur. » Pour le moment, elle n’en disait pas trop, elle avait peur qu’on se moque d’elle si elle disait qu’elle était partie à cause d’un chagrin d’amour.

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@ALMA NOHR
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Je souris quand Katrina me dit qu’elle peut se défendre, qu’elle a le don de télékinésie. C’est la première fois que nous parlions de nos vies personnelles. Nous avons eu l’occasion d’apprendre à nous connaître mais nous n’avions jamais parlé de nos pouvoirs ou de ce que nous étions. J’étais contente que l’on commence à aborder cela, ça voulait dire qu’on se rapprochait et que ce voyage était peut-être le début d’une aventure.

« Oh ! C’est un chouette pouvoir ça ! Tu peux récupérer les objets à distance, c’est pratique ! »

Dis-je avec un petit sourire. Je ne connaissais pas bien les pratiques chez les elfes mais j’avais entendu dire que les elfes devaient créer une liste de prétendants et que le mariage avec une âme sœur était très important.

« Est-ce que c’est vrai que vous établissez une liste de prétendants parmi lesquels vous cherchez votre âme sœur ? »

J’ai peur d’être indiscrète mais je suis tellement curieuse que la phrase sort sans même que je m’en rende compte. Une fois lancée, je regrette de l’avoir fait, je ne sais pas pourquoi mais je sens que je suis indiscrète et que je n’aurais pas dû lancer le sujet… Je la gratifie d’un hochement de tête quand elle me dit que j’ai le droit d’avoir un régime alimentaire différent. D’un côté, je le sais bien mais parfois, je me demande si je ne devrais pas changer mon régime pour laisser ces pauvres bêtes vivre comme bon leur semblait. Puis, elle me parle de son métier d’éleveuse et je suis émerveillée, je me dis que cela doit être un métier hors du commun mais surtout qui apportait beaucoup de bonheur au quotidien.

« J’adorerai pouvoir vivre autour d’autant d’animaux et de les choyer ! Tu en as de la chance ! »

Parfois, je me disais que j’arrêterai bien mon métier de danseuse pour me mettre dans un métier autour du bien-être animal ou humain. Je me sentirai tellement plus utile mais j’aime la danse et quand je suis sur scène, je me sens si libre aussi. Puis, je lui fais la réflexion que ça doit être dépaysant pour elle de se retrouver sur les routes, loin de ses animaux. Je suis émerveillée par son courage, écouter son cœur n’est pas donné à tout le monde mais elle, elle l’avait fait.

« Je n’ai entendu que des rumeurs sur vos coutumes, je ne les connais pas bien ! Mais, je trouve cela très courageux que de vouloir suivre ton cœur parce que tu en avais gros sur le cœur ! Elles sont si contraignantes que cela vos coutumes ? »

Demandais-je, à nouveau curieuse d’en apprendre plus sur les elfes.

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∞ Age : 23 ans (18/05/1997)

« Je ne m’en sert pas forcément pour ça, sauf quand ce n’est pas accessible, mais au moins si on m’attaque, j’envoie la personne valser. » Après la télékinésie, on ne la maîtrise pas comme ça, par exemple les objets lourds sont souvent plus difficiles à déplacer, et les émotions jouent beaucoup, d’ailleurs en ce moment, elle ne se sentait pas en état d’utiliser son pouvoir, de peur de faire une bêtise. Puis le sujet qui fâche est arrivé dans la conversation. « Oui c’est vrai, il y a plusieurs critères selon la famille, les dons, ce genre de choses, mais bon parfois on aime quelqu’un qui n’est pas sur notre liste. » C’est ce qui lui était arrivé malheureusement, elle l’avait toujours en travers de la gorge. Son amie avait voulu en savoir plus, donc Katrina n’avait hésité à lui raconter comme ça se faisait chez eux.

« C’est vrai que vivre entouré d’autant d’animaux c’est génial et ça me manque. » Elle s’ouvrait petit à petit à Alma. Cela lui faisait du bien de parler, sans forcément en dire trop dés le départ. De toute façon les personnes qu’elle croisait sur sa route finissait par se rendre compte qu’elle n’était pas bien, elle n’était pas très douée pour le cacher. « Nos coutumes sont contraignantes si ça ne va pas dans notre sens. Chez nous, on est sensé être assorti et quand on est considéré mal assorti, bah on est mal vu par les autres elfes. Tu comprends pourquoi je suis partie, je n’ai pas envie de passer ma vie avec quelqu’un qu’on m’aurait imposé, malheureusement il semble que je suis là seule à avoir raisonné de la sorte. » Elle faisait référence à son meilleur ami, elle n’avait pas parlé de lui à Alma, car ça restait quand même un sujet douloureux pour elle.

C’était le moment de changer de sujet. « Parle moi un peu de tes pouvoirs, des coutumes si tu en as ? » Après comme son amie était une hybride, c’était peut-être différent, ça devait vraiment être une situation difficile, elle savait notamment que chez la plupart des peuples c’était mal vu, à croire que personne n’était tolérant. Tout le monde avait le droit à sa place pour elle, mais bon il y a toujours des rabats joie.

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Notre conversation continuait, elle m’avoua qu’elle n’utilisait pas son pouvoir à tout va, surtout pour se défendre. Et j’hochais la tête en signe de compréhension parce que je savais ce que c’était. Je n’utilisais pas non plus mes pouvoirs à tort et à travers, seulement quand j’en avais besoin. Ceux-ci faisaient partie de moi et je les maîtrisais plus ou moins – je venais de découvrir un nouveau pouvoir, celui de l’illusion – mais je n’en abusais pas. Je m’entrainais par moment, notamment pour apprendre à les utiliser si jamais j’avais à me défendre mais à part cela, je vivais une vie plus ou moins normale comme diraient les humains.

« Je comprends ! »

Dis-je simplement alors que nous discutons des coutumes des elfes parce que je me pose des questions sur leurs coutumes. J’ai entendu parler de beaucoup de celles-ci et je me pose la question si tout cela était vrai ou si ce n’était que des rumeurs. Elle me confirme que cela existe et je me passionne pour ce qu’elle me dit, il y aurait des critères selon les familles ou les dons. Je suis étonnée que de telles coutumes continuent dans une époque plus évoluée, mais les coutumes ont la dent dure comme on dit.

« Et personne ne dit rien ? C’est fou ça, d’imposer son compagnon, j’ai l’impression qu’on est encore à l’époque du Moyen-âge ! »

Je ne jugeais pas, je me demandais juste comment les elfes réussissaient à accepter une telle chose, qu’on leur impose leur compagnon. Je lui demande ensuite ce qu’elle fait dans la vie et là encore, je suis émerveillée par son métier, je lui pose des questions sur celui-ci, notamment je m’extasie sur le fait que ça doit être génial de vivre entourer d’animaux.

« Je comprends tout à fait ! J’aurais aimé pouvoir faire ce genre de boulot aussi ! »

Dis-je simplement. J’aurais aimé avoir ce genre de boulot, la nature et les animaux, j’aimais tellement ça aussi. Nous discutons encore de ses coutumes parce qu’elle me demande si je les connais. Ce qui n’est pas le cas, j’ai entendu des choses par-ci par-là mais sans plus. Elle me dit qu’elles sont contraignantes si on ne les partage pas et j’opine du chef parce que je ne peux que comprendre que ce soit difficile à accepter par moment. Etre contraint dans nos choix, je crois que j’aurais du mal à l’accepter. Oh, je comprenais tout à fait et j’aurais certainement agi comme elle d’ailleurs. Je serai partie, j’aurais pris mes jambes à mon cou mais d’une certaine manière, je n’ai jamais appartenu à aucune race véritablement, j’ai été adoptée par les nymphes et je me sens proche d’elles mais je ne suis pas une nymphe. Je suis une sorcière mais je n’ai que très peu de liens avec eux – sauf avec Déborah que j’ai rencontré par hasard – et je suis aussi une lycanthrope par le sang mais là encore, je n’ai jamais fait partie d’aucune meute, d’autant que je n’ai pas hérité des pouvoirs des loups-garous…

« Je crois que j’aurais fait pareil que toi ! J’aurais bien eu du mal à me plier à ces coutumes archaïques ! »

Je suis bien étonnée qu’elle soit la seule à s’être rebellée un peu mais je ne connais pas assez d’elfes pour pouvoir donner un avis tranché. Puis, elle me posa la question à savoir quels pouvoirs j’avais et si j’avais des coutumes.

« Oh, tu sais, moi je n’ai vécu ni avec ma mère ni avec mon père ! »

Je commence, je me dévoile à une inconnue, chose qui ne m’arrivait jamais. Mais, avec Katrina, je me sens en confiance et je sens que je me dévoile sans même une résistance.

« Je n’ai ni les coutumes des lycanthropes ni celles des sorciers ! Bizarrement, je n’ai aucun lien de parenté avec des nymphes mais c’est à leur monde que j’appartiens ! Mais, à part respecter la nature et les êtres humains, il n’y a pas vraiment de coutumes contraignantes ! Ah et l’amour de la musique mais c’est naturel pour moi ! »

Puis, j’enchaîne sur sa première question, celle de mes pouvoirs.

« Sinon, je suis une sorcière d’eau et je maîtrise la cryokinésie depuis que je suis toute petite. Je suis aussi douée pour tout ce qui est prémonition et clairvoyance, par exemple, j’ai un sixième sens au-delà de la moyenne ! Je peux aussi lire dans les pensées mais ça n’est pas toujours chouette ça ! Quand mes émotions me jouent des tours, ma télépathie aussi ! »

Je secoue la tête, me souvenant du moment où j’ai été rejetée par ma mère et que je n’ai pas su faire barrière contre ce qu’elle pensait réellement. J’avais tout entendu de sa tête et franchement, j’aurais préféré ne pas avoir ce pouvoir…

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∞ Age : 23 ans (18/05/1997)

Katrina se demandait parfois qu’est ce que ça aurait donné si elle n’avait jamais eu de dons, est ce que ses amis, sa famille, son propre peuple l’aurait jugé, est ce qu’elle aurait pu être avec son meilleur ami ? Elle ne le saura jamais. En effet la jeune femme avait découvert son don rapidement, donc elle n’avait pas souffert de préjugés. Cependant, elle aurait très bien pu vivre sans, du moment qu’elle avait ses proches. « On va dire que certains tombent bien, comme mes parents, ils étaient déjà amoureux et que d’autres ont peur du jugement. Tu sais les elfes sont parfois durs entre eux, mais moi je m’en fiche, je n’écoute que mon cœur. » De toute façon, sa réputation avait dû en prendre un coup depuis qu’elle s’était enfuie. Elle comprenait le point de vue de Alma, elle ressentait la même chose, elle ne connaissait pas forcément les coutumes des autres peuples, peut être qu’elles étaient pires qui sait.

« Tu pourrais faire ce genre de boulot, si un jour, je décide de rentrer chez moi, je te montrerai l’élevage. » Leur territoire n’était pas interdit aux autres espèces aux dernières nouvelles, de toute façon, Katrina n’était pas prête de rentrer chez elle pour le moment. « Alors nous sommes des sortes de rebelles. » La jeune elfe avait toujours été comme ça, impulsive, ne réfléchissant pas forcément à ses actes, le contraire de son meilleur ami, c’est pour ça qu’il y avait un bon équilibre entre eux, pourtant ça s’était brisé et elle en souffrait aujourd’hui. « Ton histoire est triste, sans mes parents, je ne sais pas ce que j’aurai fait. » La famille était très importante pour elle, que ce soit ses parents, ses cousins et cousines, même si elle n’était pas forcément en accord avec eux. « Au moins tu vis la vie qui te plait, c’est vrai que les nymphes sont gentilles, du moins celles que j’ai rencontré. » En effet, elle ne connaissait pas tout le monde, mais elle parlait en général. « On n’a pas à se faire dicter notre vie, nos choix nous appartiennent. » La preuve Alma ne respectait aucune coutume que ce soit celle des sorciers ou des lycanthropes, autant dire que Katrina était admirative.

« Tes pouvoirs sont impressionnants, tu n’as jamais lu dans mes pensées ? » Si c’était le cas, elle ne lui en voudrait pas, ça aurait pu être un accident. « Mon élément, c’est la Terre, mais je n’ai pas autant de pouvoir que toi et je dois avouer que ça me convient. » La magie pouvait être effrayante, en dehors de leur pouvoir unique, les elfes avec le temps développaient d’autres capacités, comme le chant, elle n’en était pas encore là pour sa part, elle était jeune. « Les pouvoirs sont parfois effrayants, surtout quand nos émotions nous jouent des tours. Il y a quelques temps, j’ai perdu le contrôle et j’ai envoyé un objet s’écrasé violement contre un mur, alors que je ne voulais pas. » C’était de la tristesse et de la colère qu’elle avait ressentie, tellement puissante, qu’elle n’avait pas su se maîtriser, elle avait peur un jour de faire pire.

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Parler de nos traditions me fait comprendre à quel point j’ai eu de la chance d’avoir été élevée par des nymphes. Je n’étais pas muselée, j’avais la liberté de penser et d’aimer à ma guise. Oui, j’étais tombée sous le charme de l’une de mes préceptrice, Athéna, une relation qui m’était interdite mais parce que je me l’interdisais personnellement. Athéna était d’accord avec moi, je le ressentais bien.

« Tu as bien raison, à ta place, je ferai pareil ! J’ai toujours été comme ça aussi, libre de mes choix ! Je crois que dans une telle société, j’aurais eu beaucoup de mal ! »

Je lui fis un clin d’oeil, je l’admirais pour son courage. Tout le monde n’était pas capable d’agir de la sorte, d’arriver à braver des traditions si ancrées. Nous discutons ensuite de son boulot et je suis rêveuse face à sa situation. Elle me dit que je pourrais faire ce boulot si elle décidait un jour de rentrer et qu’elle me montrerait.

« Oh !!! J’adorerai ! »

Je sors un bout de papier et écris mon numéro de téléphone sur un bout de papier avant de lui tendre.

« Voilà mon numéro, si jamais un jour tu rentres chez toi, téléphone-moi, je viendrais avec plaisir voir ton élevage! »

J’en rêvais déjà. Je rigole quand elle me dit qu’on est des sortes de rebelles et j’opine du chef.

« Oh oui, je crois bien que c’est ainsi qu’on nous caractériserait ! Moi, je me considère plus comme quelqu’un de libre, tout simplement ! »

La liberté, un concept cher à mon coeur. Je lui raconte ensuite mon histoire personnelle, ce qui m’a construite et déconstruite. Elle m’avoue que sans ses parents, elle ne savait pas ce qu’elle aurait fait.

« J’ai eu la chance d’être élevée par des nymphes très gentilles qui ont fait office de parents ! Malgré la blessure de l’abandon, je suis heureuse parmi elles ! »

Elles étaient comme mes tantes, comme des mères à mes yeux et je leur en serais éternellement reconnaissantes de m’avoir adoptée et donné une famille ainsi qu’un cadre pour m’épanouir. J’acquiesce quand elle me dit qu’au moins je vis la vie qui me plait et que les nymphes sont gentilles.

« Oh que oui ! Et comme tu dis, nous n’avons pas à nous faire dicter nos faits et gestes ! J’ai horreur de ça ! »

Encore une fois, ma liberté et celles des autres étaient pour moi primordiale pour son propre bien-être. Nous discutons ensuite de nos pouvoirs et plus précisément les miens. Elle me demande si je n’ai jamais lu dans ses pensées et je rigole.

« Non, pas encore et puis, je ne veux pas le faire ! Je ne lis dans les pensées des autres que lorsque je perds mes moyens, à ce moment-là effectivement, je lis sans le vouloir ! »

Je grimace en repensant à cet épisode malheureux avec ma mère. Puis, elle m’explique que son élément est la terre mais qu’elle n’a pas autant de pouvoirs que moi.

« Je pense que savoir maîtriser ses pouvoirs est plus important que d’en avoir des tonnes et ne pas savoir les maîtriser ! Ça peut être si dangereux parfois d’avoir autant de pouvoirs ! Moi, mon élément c’est l’eau ! »

Rajoutais-je avant d’acquiescer quand elle me dit que la magie peut être dangereuse, surtout quand nos émotions prenaient le dessus.

« Dis-moi, tu n’as touché personne ! »

Dis-je dans un petit sourire avant de rajouter :

« En tout cas, il est clair que quand on est sous le coup de l’émotion, nos pouvoirs peuvent faire des ravages ! »

Je grimace.

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∞ Age : 23 ans (18/05/1997)

« Après chez les elfes notre vie n’est pas si mal, comme partout, il n’y a des inconvénients malheureusement. » En fait tout se passerait normalement s’il n’y avait pas eu cette histoire de liste et de mal assortis, elle serait probablement heureuse, ah si seulement la majorité des elfes avait le courage de se rebeller un peu, de changer les choses. Malheureusement ça ne semblait pas être le cas, il faut dire que certains tombaient bien comparé à elle. Puis Katrina lui avait parlé de son travail qu’elle affectionnait tant. « Je t’apprendrai quelques astuces. » La jeune elfe s’y connaissait concernant l’élevage et elle en était fier, elle savait soigner, prendre soin des animaux, créer un lien particulier. « Il faudrait que j’investisse dans un téléphone alors. » Aussi surprenant que ça pouvait l’être, Katrina en était resté limite au pigeon voyageur. Elle envoyait encore des lettres de cette manière, elle prit quand même le numéro. Au pire elle emprunterait le téléphone de quelqu’un, elle n’avait jamais été très technologie. « C’est bien d’être libre, de ne pas se faire dicter sa vie. » Elle se demandait ce que pouvait penser ses parents d’elle, d’un côté, elle était pratiquement sûre qu’ils savaient depuis longtemps qu’elle était amoureuse de son meilleur ami. Ils lui auraient faire la remarque depuis longtemps s’ils n’étaient pas d’accord avec ça. « Au moins, elles ne te jugent pas, je ne sais pas si les nymphes méchantes existent. » Cela devait être le cas, mais jusqu’à présent, elle n’en avait rencontré, il y avait des méchants et des gentils partout. « Le pire que c’est que les gens nous dictent nos vies, pensant que c’est pour notre bien, c’est une attitude qui m’agace. » Katrina espérait ne pas devenir comme ça, du moins si elle survivait longtemps, elle savait ce qu’on disait sur le chagrin des elfes. « Lire les pensées, c’est compliqué comme pouvoirs, enfin si tu lis les miennes par accident, je ne t’en voudrai pas. » Elle savait ce que c’était de ne pas réussir à contrôler complétement un pouvoir, elle était passé par là quand elle était une enfant. « L’eau, c’est fascinant, tu sais, même si je n’avais pas de pouvoir ça ne m’aurait rien fait. » Elle aurait été mal vue, mais au moins elle aurait pu être assortie avec son meilleur ami avec un peu de chance. « Non personne, mais ça arrivera en cas de danger je pense. » Elle ne voulait faire de mal à personne. « Les émotions, c’est une arme terrible j’ai l’impression. » Elle avait peur un jour d’entrer dans une colère noire et de faire du mal à quelqu’un qui n’aurait rien demandé.

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Je hochais la tête en l’écoutant et je comprenais ce qu’elle voulait dire par là. Moi aussi j’avais eu des inconvénients à vivre sans avoir connu ma mère ou mon père. Il y avait un manque, je ne pouvais pas le nier et malgré tout l’amour que pouvait m’offrir les nymphes, j’avais clairement besoin d’être entouré de mes parents. Malgré tout, j’avais appris à vivre sans eux et les nymphes avaient au moins l’avantage de me laisser libre dans mes choix. Comme le disait Katrina, il y a des inconvénients partout.

« Je pense aussi que ça n’est idyllique chez personne ! »

Nous discutons ensuite de son métier et elle me fait complètement rêver. Etre aussi prêt de la nature dans son boulot était un rêve. Je devais bien avouer que mon propre métier était un rêve pour moi mais clairement, ça n’était pas tous les jours faciles. Être danseur était un métier pénible et même si la liberté d’être sur scène valait tous les sacrifices du monde, je me sentais parfois éreintée. Et puis, le stress qu’engendrait la compétition entre les danseurs était vraiment dur à supporter. Je lui souris quand elle me dit qu’elle m’apprendrait quelques astuces et je lui tends un bout de papier avec mon téléphone portable. Ce qu’elle me dit ensuite m’étonne fortement mais j’en ris :

« Ah bon ! Il existe encore des gens qui n’ont pas de téléphone portable sur cette terre ! »

Dis-je sur le ton de la plaisanterie. Nous continuons de discuter de choses et d’autres, je lui parle de ce qui me caractérise comme si je la connaissais depuis longtemps. Nous faisons qu’un petit bout de chemin ensemble mais j’ai déjà l’impression d’être bien à ses côtés.

« C’est bien mais parfois, on se sent un peu seul ! »

Le fait était qu’aucune famille ne m’attendait jamais, des amis oui mais pas vraiment de famille qui nous attend. On se sent moins investi à rentrer, c’est un état d’esprit un peu étrange. J’opine du chef et clairement, je n’avais jamais connu de nymphe méchante non plus, les satyres étaient moins sérieux et plus aptes à être neutre mais les nymphes l’étaient moins.

« J’en ai côtoyé beaucoup et je n’en ai encore jamais vues de méchante ! Mais j’imagine qu’il doit en exister ! Elles sont la gentillesse incarnée la plupart du temps, c’est sûr ! »

Je n’arrivais pas à m’imaginer une nymphe méchante mais on n’était certain de rien ces temps-ci. Je vois complètement ce qu’elle veut dire, j’en aurai horreur aussi et à sa place, je serais partie depuis bien longtemps. Se faire dicter ce que l’on doit faire, quelle horreur...

« Je n’apprécierai pas non plus et je crois qu’on m’aurait très vite mis une étiquette de rebelle sur le visage si j’avais été une elfe ! »

Dis-je en rigolant et en m’imaginant dans cette communauté. Nous discutons de nos pouvoirs par la suite et je lui parle de ma faculté à lire dans les pensées d’autrui. Pouvoir que j’arrive à maîtriser tant bien que mal et heureusement. Savoir tout ce que les gens pensent tout le temps était une chose pas très drôle.

« Très compliqué quand ce n’est pas maîtrisé surtout ! »

Je souris et rajoute :

« Merci et si jamais ton pouvoir se retourne contre moi, je ne t’en voudrais pas non plus ! »

Je lui fais un clin d’œil.

« Nous sommes un peu l’opposée l’une de l’autre, toi la terre, moi l’eau ! Je pense comme toi, même sans pouvoir, ça ne me ferait rien ! Quoique en tant de guerre, ça serait bien utile ! »

Je grimace à nouveau en repensant à mes cours d’histoire où nous avions appris ce qui s’était passé durant la guerre Septantrale. Quelle horreur que de vivre de la sorte, tout comme cela devait être l’enfer de vivre sous le joug des démons.

« Oui, je crois que nous devenons vraiment dangereux quand nous sommes sous le coup des émotions ! Clairement, nous réagissons à l’instinct et ce que nous contrôlions nous échappe ! C’est là que nous devenons vraiment dangereux ! »

Je m’approche de la caisse où je dépose les aliments que j’ai acheté pour notre futur repas de ce soir. J’attends que la caissière passe tous les objets et je me tourne vers ma nouvelle compagne de route :

« Espérons qu’on ne vive jamais ça ! »

Je l’espérais pour nous deux, nous semblions être toutes les deux des femmes qui ne voulaient pas de problème et c’était la dernière chose qu’il fallait espérer pour nous deux.

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR ANGIE & UNKNOWS

HJ : Désolée pour l’attente ma belle mais enfin, je t’ai répondu Je te propose, si ça te dit, de clôturer ce sujet, il est en route depuis longtemps et nous avons fait le tour non ? On pourrait s’en refaire un où nos chemins se séparent, ça pourrait être sympa non ?

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